Un arrêt de travail peut venir de situations très concrètes, souvent imprévues. Il y a l’accident du quotidien, les maladies “banales” mais incapacitantes, et les problèmes musculo-squelettiques fréquents chez les libéraux qui rendent impossible le fait de rester debout, de manipuler, ou de tenir un rythme de consultations. À cela s’ajoutent la convalescence, ou encore des épisodes de surmenage qui imposent une mise au repos. Dans tous les cas, ce n’est pas forcément “grave” au départ, mais c’est suffisamment limitant pour empêcher d’assurer les patients, les gestes techniques et la continuité d’activité.
Arrêt de travail et situation financière dès la première semaine
Dès la première semaine, l’impact est souvent immédiat parce que le revenu dépend directement des consultations, actes ou dossiers réalisés. Les créneaux annulés ne se “rattrapent” pas, ou rarement, surtout quand l’agenda était déjà plein et que la patientèle est répartie sur plusieurs semaines. Concrètement, perte du chiffre d’affaires immédiate, dont une partie non négligeable devient définitive.
Dans le même temps, l’organisation se déséquilibre. Reprogrammer une semaine entière ne consiste pas simplement à décaler les rendez-vous. Certains patients trouvent une solution ailleurs, d’autres renoncent, et la reprise peut être plus lente que prévu en raison de la fatigue, de la rééducation ou de contraintes médicales. Même avec un retour rapide, un rythme réduit peut prolonger l’effet sur les revenus.
L’impact se ressent aussi sur le mois en cours. Lorsque la facturation est concentrée sur certains jours, que des délais de paiement existent ou que des charges tombent à date fixe, une seule semaine d’arrêt peut créer une tension de trésorerie. Le coût réel vient alors autant du décalage entre les entrées et les sorties d’argent que de la perte de revenus elle-même.
Dans ce contexte, une prévoyance volontaire, correctement calibrée sur la réalité de l’activité et des charges, permet de compenser une partie importante de cette perte de revenus et de sécuriser le niveau de vie pendant l’arrêt. La question devient alors très concrète et revient souvent au moment de se renseigner. Combien coûte une prévoyance maintien de salaire ?
Les charges fixes ne s’arrêtent pas
En libéral, l’arrêt de travail coupe ou réduit les recettes, mais les dépenses continuent de courir. Côté professionnel, le loyer du cabinet, les abonnements logiciels, la téléphonie, les services administratifs, les assurances et parfois un leasing de matériel restent dus. Les salaires des assistantes, secrétaires ou collaborateurs, lorsqu’ils existent, pèsent également, même si une organisation temporaire est mise en place. À cela s’ajoutent souvent des échéances récurrentes comme certaines cotisations, des frais bancaires, des contrats de maintenance et des dépenses incompressibles liées au fonctionnement du cabinet.
Côté personnel, la mécanique est la même. Le crédit immobilier, un éventuel prêt professionnel, les charges du foyer, les frais de scolarité, la garde d’enfants, les assurances et les dépenses du quotidien ne s’ajustent pas, eux non plus, à la baisse de revenus. C’est ce cumul qui fait la différence en pratique. Quelques jours peuvent suffire à créer un décalage de trésorerie et, au-delà, un mois d’arrêt peut rapidement obliger à puiser dans l’épargne ou à arbitrer des dépenses, alors même que la reprise n’est pas toujours immédiate.
Couverture des caisses d’assurance et de prévoyance et du socle obligatoire
En pratique, un arrêt de travail met vite en lumière l’écart entre ce que prévoit le socle obligatoire et les besoins réels. Un médecin libéral, un dentiste, un kinésithérapeute ou tout autre TNS peut, selon son régime, avoir droit à des indemnités journalières via l’Assurance Maladie ou via sa caisse professionnelle, mais avec des règles qui limitent fortement la compensation. Il existe fréquemment un délai de carence, un montant plafonné et un versement qui n’équivaut pas au revenu habituel. Même lorsque des indemnités sont versées, elles sont généralement pensées pour aider à tenir le quotidien, jamais pour absorber l’ensemble des charges d’un cabinet plus le niveau de vie du foyer.
Concrètement, si l’activité s’arrête quinze jours ou un mois, le revenu lié aux actes non réalisés disparaît, alors que le loyer du cabinet, les abonnements et les salaires éventuels restent dus, sans parler des échéances personnelles. Les indemnités peuvent couvrir une partie du manque à gagner, mais la différence se retrouve rapidement en “reste à charge” mensuel. Plus l’arrêt se prolonge, plus l’écart se cumule, car les plafonds et la durée de versement ne suivent pas toujours la réalité du rythme de facturation d’un libéral.
Même lorsqu’il existe des indemnités via le régime obligatoire, elles restent toujours inférieures au revenu habituel d’un professionnel libéral, parce qu’elles sont plafonnées et ne sont pas calculées pour reproduire le niveau de facturation d’une activité. L’écart apparaît donc mécaniquement dès les premiers jours, puisque le chiffre d’affaires s’arrête ou baisse fortement, tandis que les charges professionnelles et personnelles continuent. Des charges élevées aggravent le problème, mais même avec des charges modérées, il reste un manque à gagner dès qu’un arrêt se prolonge au-delà de quelques jours.
Être TNS ou exercer en libéral, c’est évoluer dans un modèle où la rémunération dépend directement de la présence et de la continuité d’activité. C’est ce qui rend l’arrêt de travail si particulier. Le coût réel ne se résume pas à quelques rendez-vous annulés, il correspond à l’écart qui s’installe immédiatement entre un revenu qui chute et des échéances qui, elles, continuent. Et comme la reprise n’est pas toujours “plein régime” dès le premier jour, cet écart peut se prolonger bien au-delà de la date de retour au cabinet. Dans ce contexte, la vraie question n’est pas de savoir si un arrêt peut arriver, mais d’anticiper ce qu’il représente concrètement en perte de revenus.


