27 minutes de tergiversation suffisent à diminuer la joie d’un choix, d’après les chercheurs en sciences comportementales. Pourtant, dans bien des entreprises ou institutions, prendre son temps avant de trancher reste associé à la prudence, parfois même à la clairvoyance.Des règles, parfois gravées dans le marbre, encouragent le statu quo, au risque de transformer l’inaction en véritable prise de risque. Certaines sociétés célèbrent l’initiative, d’autres préfèrent la discrétion. Dans ce brouillard d’attentes ambiguës et d’injonctions inverses, la question du positionnement personnel, du « combien d’espace oser occuper », reste une source de tiraillement inaltérable.
Pourquoi la question de “prendre de la place” s’impose aujourd’hui
Le fait de vouloir occuper l’espace ne se limite plus à une aspiration intime. Cette question fait irruption dans les discussions sur les dynamiques de pouvoir, la place de chacun dans la société et le parcours vers l’autonomie. À Paris comme ailleurs, elle met en relief la tension permanente entre l’affirmation de soi et la pression des normes collectives. Les analyses de l’Académie du Féminin créée par Catherine Oberlé révèlent le double standard auquel font face les femmes : célébrées pour leur discrétion, incitées à s’imposer tout en restant dans les clous.La pression sociale façonne dès l’enfance les aptitudes à prendre la parole, la confiance à s’affirmer, la capacité à revendiquer sa place. L’influence de l’entourage, famille, collègues, proches, modèle les élans, stimule ou bride l’affirmation. Les relations interpersonnelles en portent la marque, parfois jusqu’à l’étouffement de toute envie d’oser ou d’avancer.
Pour mieux comprendre, voici quelques réalités souvent observées :
- La société attribue à chacun un rôle précis : on attend une forme de conformité, rarement d’initiative.
- D’après les recherches de l’Académie, les hommes franchissent plus volontiers le pas, appuyés par des réseaux et des modèles traditionnels.
- Pour bon nombre de femmes, prendre sa place ressemble encore à un acte de bravoure, parfois perçu comme une entorse à l’ordre établi.
Décider de s’affirmer n’a rien d’anodin. Ce choix se construit au fil d’un parcours intérieur, semé de doutes et parfois d’obstacles. L’accompagnement prend alors tout son sens : cercles de partage, ateliers, coaching, autant de dispositifs qui transforment la peur en énergie. Des structures comme l’Académie du Féminin offrent des ressources concrètes pour que chacune puisse, sans hâte ni pression, redéfinir son propre espace dans le collectif.
Se demander : qu’est-ce qui freine nos décisions au quotidien ?
La peur s’invite à chaque instant où il s’agit de choisir. Qu’il s’agisse de redouter l’échec, la déception de l’autre ou le jugement du groupe, ce sentiment trouve souvent son origine dans l’éducation et les normes transmises par l’entourage. Dès l’enfance, la famille, parfois sans en avoir conscience, encourage la réserve ou l’audace, et lègue des convictions qui se transformeront, plus tard, en freins invisibles.Les attentes sociales sculptent nos réactions. Il s’agit souvent de ne pas dévier, de s’aligner sur les rôles prédéfinis, d’éviter de sortir du lot. Ce mécanisme, parfois insidieux, s’installe aussi bien dans la sphère professionnelle que dans la vie personnelle. L’individu hésite, retarde, s’efface, jusqu’à risquer le burn-out par peur de trop en faire… ou pas assez.
Plusieurs obstacles concrets se dressent sur le chemin :
- Croyances limitantes : « je n’ai pas ma place », « je ne vais pas y arriver ».
- Corps et émotions : le stress, l’anxiété, la lassitude altèrent la lucidité et brouillent le discernement.
- Manque d’estime de soi : impression de ne rien mériter d’autre, de devoir patienter indéfiniment.
Refuser de s’affirmer peut aussi résulter d’un choix, d’une volonté de se protéger, d’éviter la confrontation ou de préserver une certaine paix intérieure. Mais ce repli, répété au fil du temps, finit par miner la confiance et réduire l’autonomie jusqu’à enfermer dans un rôle effacé.Chaque jour, la prise de décision s’apparente à un exercice d’équilibriste entre héritage, émotions et influences extérieures. Décrypter ces freins, c’est déjà amorcer une prise de position choisie.
Les bénéfices insoupçonnés d’oser affirmer ses choix
Oser prendre la parole, s’affirmer, choisir sa voie. Loin d’être une simple bravade, ce geste marque l’accès à une autonomie accrue. Contrairement à certains clichés, l’affirmation de soi s’inscrit dans une dynamique de maturité, de cohérence avec ses valeurs. Le code civil protège la liberté de choix : la possibilité de décider, d’accepter ou de refuser, relève du domaine privé, peu perméable aux pressions extérieures.Exprimer ses choix renforce la confiance en soi. Ce socle, étudié par des psychologues comme Jacques Lecomte ou Béatrice Millêtre, se bâtit à l’épreuve du réel, par l’action. S’autoriser à dire oui, à dire non, sans justification interminable, c’est affirmer sa légitimité à exister, sans pour autant empiéter sur l’autre. Pour Lecomte, la véritable empathie consiste à écouter sans prendre le pouvoir de décider à la place d’autrui.
Voici quelques exemples d’apports concrets liés à la prise de décision :
- Agir, choisir, permet de gagner en autonomie et en responsabilité.
- Le droit de refuser ou de s’affirmer s’appuie sur des protections juridiques, du code civil aux recours administratifs.
- Un accompagnement par le médecin traitant ou un professionnel peut guider utilement ce cheminement.
Valérie Blanco, psychologue, rappelle que chacun détient une singularité à faire valoir, non pour s’imposer mais pour vivre pleinement sa place. Loin de toute volonté de domination, l’affirmation de soi s’inscrit dans le respect, l’écoute et l’équilibre.
Conseils concrets pour renforcer sa capacité à décider et s’affirmer
Atteindre la juste place ne dépend jamais d’un seul coup d’éclat, mais d’un cheminement parfois sinueux, toujours personnel. Catherine Oberlé, fondatrice de l’Académie du Féminin et autrice du livre « Domptez vos peurs et libérez votre Féminin », distingue plusieurs postures : passer inaperçu, s’effacer, occuper tout l’espace, ou trouver ce point d’équilibre où s’affirmer rime avec respect de l’autre.Commencez par l’auto-observation : repérez les moments où le conditionnement limite votre expression, questionnez les croyances héritées. Cette prise de recul prépare une prise de décision libérée de la culpabilité. Dire non, sans justification excessive, pose une première pierre. L’expérience prouve que la répétition de petits actes, exprimer un désaccord, affirmer une préférence, ancre la confiance sur la durée.
Pour solidifier cette démarche, plusieurs leviers peuvent être mobilisés :
- Osez l’audace : demandez, proposez, refusez lorsque cela s’impose.
- Entourez-vous de personnes ressources, mentors ou professionnels, qui encouragent et accompagnent vos expérimentations.
- Pensez la décision stratégique comme une compétence du quotidien, pas réservée au monde de l’entreprise ou du marketing : chaque interaction sociale y fait appel.
Pour de nombreuses femmes, habituées à minimiser leur présence, le soutien d’un groupe ou l’accompagnement ciblé permet de franchir un cap. L’audace ne surgit pas du néant : elle pousse, elle se cultive et, surtout, elle se partage.
Prendre sa place, c’est parfois bousculer les habitudes, réveiller en soi une puissance discrète. Ce n’est pas seulement s’affirmer, c’est aussi ouvrir la porte à d’autres manières de vivre, de travailler et de s’accomplir.



